S’agissant d’accords comprenant des clauses non divulguées nous rappelant ceux signés par Anouar Es Sadate à Camp David aboutissant à une paix séparée avec l’Égypte, n’apportant après 38 ans ni croissance économique ni stabilité à un pays qui s’enfonce dans la dette, la guerre civile suivie d’une possible division, ces récents accords avec l’Iran comportent un certain nombre de risques et de points sombres dont les effets n’apparaitront qu’avec le temps ; mais les acteurs restant ce qu’ils sont il ne faut se faire aucune illusion sur la suite des évènements vu que chacun cache son vrai jeu pour plus tard, dans quelques années.
http://www.europalestine.com/spip.php?article10803
Des éléments apparaissent au grand jour comme la levée totale et immédiate de l’embargo économique sur l’Iran ce qui laisserait à penser qu’une contrepartie de même importance serait faite sur deux points essentiels, l’Iran s’engage à ne pas fabriquer la bombe atomique et plus grave encore, ne pas menacer Israël de manière concrète sans pour autant être tenu d’éviter les altercations orales non suivies d’effet sur le terrain ; il faut interpréter correctement ce que ne cesse de répéter Obama à Netanyahu, que ces accords apporteront plus de sécurité à Israël ; opposé énergiquement à ces accords jugés dramatiques et inacceptables, Netanyahu abat déjà ses cartes faisant remarquer qu’il ne permettra jamais de son vivant la création d’un état palestinien et ceci en ne respectant pas les accords d’Oslo considérés comme la fin de son projet du Grand Israël du Nil à l’Euphrate ; il critique le programme nucléaire iranien pour mieux cacher ses 300 à 400 bombes atomiques qui sont bien réelles et son soi-disant pays qui n’est que l’usurpation de la Palestine n’a même pas signé le traité de non-prolifération nucléaire ; Netanyahu devrait nettoyer devant sa porte au lieu de donner des leçons aux autres, mais dans cet état voyou le ridicule ne tue plus.
http://www.europalestine.com/spip.php?article10803
L’Iran verra de son côté sa situation économique s’améliorer de manière tangible et continuera à jouer son rôle de puissance régionale reconnue avec la poursuite d’un programme nucléaire contrôlé mais non menacé ; les Etats-Unis renonceront à leur stratégie du chaos mise en œuvre depuis 2001, en contrepartie l’Iran s’engage à ne pas exporter sa révolution.
Les grands perdants paraissent être indubitablement la cause palestinienne qui n’obtiendra au grand maximum qu’un état croupion formé par trois bantoustans sans Jérusalem-Est dont le sort sera remis à plus tard, traduire rapporté aux calendes grecques ; comme le soulignait bien Edward Saïd les Accords d’Oslo sont un outil de capitulation palestinienne, une sorte de Versailles palestinien mettant fin au droit au retour des réfugiés qui constitue avec le statut de Jérusalem-Est la pierre angulaire de toute solution acceptable pour les Palestiniens.
La Turquie d’Erdogan qui se verra amputée d’une bonne partie de son territoire par la création d’un état kurde aux dépens de l’Irak, la Syrie et l’Iran.
L’Arabie Saoudite gardera un rôle régional virtuel joué réellement par Israël, son partenaire dans la guerre menée contre le Yémen; il faut rappeler que les avions saoudiens utilisés dans cette guerre sont en réalité pilotés par des israéliens.
http://www.slate.fr/tribune/73445/petrole-americain-menace-arabie-saoudite
Comptant sur leurs propres réserves pétrolières qui vont croitre dans les années à venir, les États-Unis ne seront plus dépendants du pétrole saoudien et auront moins tendance à soutenir ce pays qui devra résoudre ses problèmes sécuritaires lui-même ; en effet les attentats terroristes se multiplient de nos jours dans un pays qui n’est pas habitué à cela et sa stabilité en sort amoindrie ; des problèmes structurels intérieurs viennent s’ajouter à ce début de désordre, prouvant que l’avenir du pays reste sombre, ce qui pourrait amener les États-Unis à remplacer la monarchie d’Al Saoud par les frères musulmans, bête noire de la famille régnante et des wahhabites ; certains états du Golfe profiteront de l’aubaine pour échapper à l’emprise de ce pays comme tente de le faire le Yémen mais pacifiquement en évitant les désastres de la guerre ; la réunion du Conseil de coopération du Golfe du 14 mai, précédent la signature des accords sur le dossier nucléaire en dit long à ce sujet.
L’Égypte devra maitriser le désordre semé par les frères musulmans depuis la destitution du président Morsi élu démocratiquement et ceci par l’intermédiaire de l’armée qui lui a confisqué le pouvoir, sans cela elle verra son rôle diminué suivi de la constitution probable d’un gouvernement d’union nationale dans lequel les frères musulmans seront forcément représentés ; la vague d’attentats sanglants commis par les terroristes de Daech dans le Sinaï alimente le chaos qui vient s’ajouter à celui d’une économie au bord de la faillite.
http://www.bbc.com/afrique/region/2015/04/150412_egypt_sinai
La Syrie, avec ou sans Bachar Al Assad, sera amputée de la partie kurde de son territoire et sortira de la crise avec un rôle régional amoindri, un pays détruit et une économie en ruine ; comme pour l’Égypte la seule solution impose de sérieuses réformes et la constitution d’un gouvernement d’union nationale dans lequel aucun acteur politique ne sera exclu.
Comme d’habitude les grands gagnants des accords américano-iraniens restent les pays les plus forts c’est-à-dire Israël et l’Iran qui devront se partager la domination de la région du Moyen-Orient tenant compte de la dissuasion imposée par l’importance de leurs forces armées sur le terrain.
Après le retrait de la ville d’Aden consenti par l’Iran, la coalition israélo-saoudite reprend le contrôle de Bab El Mandeb qui passe en réalité sous le contrôle de l’OTAN permettant du même coup à la Saudi Ben Laden Group de construire le pont reliant le Yémen revenu sous contrôle saoudien à Djibouti et d’exploiter avec l’Iran les réserves naturelles de l’Ogaden en Éthiopie.
La neutralisation des oppositions iranienne et cubaine contribue à isoler un peu plus la Chine et la Russie ; tous ces changements entrent dans le cadre du redéploiement des forces étasuniennes du Moyen-Orient vers l’Extrême-Orient où est prévue la construction par le Pentagone de la plus grande base militaire du monde à Brunei, la stabilité du Moyen-Orient étant assurée par le partage de rôle entre Israël et l’Iran conformément aux clauses secrètes de ces accords qui comme convenu sont des accords gagnant-gagnant .
Il reste à souligner le rôle important joué par deux experts américains dans l’élaboration de ces accords compliqués qui sont Jake Sullivan, un des principaux conseillers d’Hillary Clinton mais qui se distingue par le refus d’un soutien aveugle à Israël et ayant moins de sympathie envers les frères musulmans, et William Burns l’adjoint de John Kerry.
Le partage des rôles pour le contrôle du Moyen-Orient est prévu officiellement entre l’Arabie Saoudite et l’Iran mais en réalité derrière l’Arabie Saoudite se cache Israël pour ne pas offenser les Arabes.
https://daniellesabai.wordpress.com/2011/02/26/conflits-en-mer-de-chine-du-sud/
Toute cette stratégie programmée pour les dix années à venir a pour seul but de contenir la Fédération de Russie qui ne s’est pas contentée de jouer le rôle de sous-puissance en continuant de travailler pour son propre compte et éviter à ce que la Chine n’accède au statut de première puissance financière lui permettant de développer son arsenal militaire considéré comme une grande menace pour l’hégémonie américaine !